Un costard pour Macron


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J-7. Le 23 avril prochain nous apportera enfin la réponse : lesquels des deux candidats sur les onze seront présents au second tour de ces élections présidentielles 2017 ? Une attente qui dure depuis trop longtemps, sur le fond d'une campagne des plus délétères.

Ce que je souhaite exprimer avant tout dans ce billet, c'est l'importance à mes yeux de faire la nuance entre un candidat et un programme électoral, et du sentiment de confiance, ou de méfiance, que le candidat inspire. Quelque soit son programme, à moins d'y être contraint et forcé - dans le cas ou il serait face à un candidat pire que lui au second tour - jamais je n'irais voter pour un candidat qui ne m'inspire aucune confiance.

J'avoue ne pas avoir étudié les programmes de chacun, ni suivi chaque débat télévisé, faute de temps d'une part, par découragement, surtout en raison de la présence d'indésirables que je ne supporte absolument plus de voir ni d'entendre, et dont la place est devant les juges. Voter c'est un peu comme confier les clés de sa bagnole à quelqu'un, on veut savoir où il a l'intention d'aller, et on a aussi besoin d'avoir confiance en lui. La politique, c'est l'art de convaincre les autres, et cela passe autant par l'argumentation que par le jeu de la séduction. On ne vote pas que pour un programme, on vote aussi pour un individu, une personnalité en laquelle on place une confiance et une estime, et ils sont très peu à m'en inspirer, dans toute cette clique de candidats (auxquels je mettrai bien quelques paires de claques, pour les plus insupportables).

Le cas Macron

Je n'ai pas pour lui le mépris et la répulsion que j'ai pour un Fillon et une Le Pen (ou pas encore). Mais je ne l'apprécie pas, c'est un bobo arriviste, un requin de la finance au râtelier à rayer le parquet, qui a trahi la famille politique à laquelle il prétendait appartenir pour servir ses intérêts et ses ambitions, un banquier costarisé et peopolisé habitué aux gros salaires, déconnecté de la population, comme l'a envoyé Poutou lors du débat télévisé du 4 avril sur BFMTV :

Arrogant et méprisant :

Vous n'allez pas me faire peur avec votre t-shirt, la meilleure façon de se payer un costard c'est de travailler

Comme si le type en face n'était pas assez bien sapé pour lui tenir le discours, et que se payer un costard était une ambition en soi, quand avoir du travail, c'est déjà un objectif pour certains. Quel manque de respect pour un politique, futur candidat, de quoi rappeler la Rolex de Sarko, une façon de dire à quelqu'un si t'as pas de costard t'es un looser, reviens me parler quand t'en auras un.
Le vrai costard de Macron, c'est cette image qu'il s'est taillé d'élite au-dessus du petit peuple, et le soutien de Valls à sa candidature n'a rien d'étonnant, ce sont bien deux renégats du même bord et n'ont pour moi jamais été socialistes, loi travail, 49.3 (pour ce qui est le plus frais dans les mémoires, mais aussi la reconduite des Roms dans leur pays, une politique d'expulsion qu'on attendrait du Front National) ; et supprimer, ou transformer, l'impôt de solidarité sur la fortune[1], c'est bien une volonté électorale de droite pour faire de la lèche aux friqués. C'est la vision que j'ai de ce candidat, c'est peut-être simpliste, mais je ne suis pas un spécialiste politique, je ne suis qu'un électeur, et il n'y a rien chez cet homme qui puisse inspirer confiance, je l'ai pensé du jour où je l'ai vu afficher ce mépris, et pas plus qu'à un Fillon je ne lui confierais ma clé de bagnole, il ne me la rendrait pas !

Macron ferait bien aussi de réviser ses classiques, quand en meeting il tente de citer IAM pour séduire le public marseillais, ce serait plus efficace s'il en avait appréhendé correctement les propos, dont le sens est à l'opposé de celui de son discours !

Macron :

Ce n’est pas ici que je vais vous l’apprendre, nous sommes bien nés sous la même étoile ! IAM a supporté cette culture française aussi, n’en déplaise à certains qui les mettaient de côté.

IAM - "Nés sous la même étoile" :

La vie est belle, le destin s'en écarte. Personne ne joue avec les mêmes cartes. Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile. Tant pis, on n'est pas nés sous la même étoile.

Quel démagogue, RI-DI-CU-LE ! Et oui mec, fallait aller un peu plus loin que le titre ! Et Jean-Luc Mélenchon s'en est donné à cœur joie !

La théorie du coup d'état

Ce scénario est machiavélique, mais je le trouve très cohérent, ce n'est pas de moi, voir les articles ci-dessous : Hollande veut poursuivre sa politique économique, mais ni lui ni Valls ne sont éligibles à cause de leur impopularité, Macron est alors choisi pour prendre la succession ; d'abord Hollande ne se représente pas, ensuite Valls perds à la primaire socialiste, puis lui et ses soutiens se rallient à la candidature de Macron, Hamon est désigné candidat de la gauche pour contenir Mélenchon, Fillon est médiatiquement hors course, on orchestre la montée du FN pour conduire à un second tour Le Pen / Macron, afin de dérouler un tapis rouge à ce dernier grâce au sursaut citoyen comme en 2002 avec Le Pen père contre Chirac. Un véritable échiquier politique, mais les pions, c'est nous. A moins d'ouvrir les yeux et d'avoir conscience de se faire entuber.

La description psychologique qu’en font ses proches correspond exactement à l’objectif de ses traitants. Ce qui prouve, s’il en est encore nécessaire, que Macron est un personnage créé de toute pièce pour servir des intérêts puissants. Cette personnalité ne pouvait pas habiter un physique ingrat. Dents blanches, bien coiffé, « tête de premier de la classe » dirait Coluche, costumes de bonne facture, séducteur et charmeur, Macron est l’image même du quarantenaire qui a réussi. Il a sa « Rolex » au poignet. (tiens, en plus du costard on retrouve la Rolex chère à Sarko !)

Lire les articles à ce sujet :

Socialiste ou pas socialiste ?

Ben, p't'être ben qu'ouais, p't'être ben qu'non, ça dépends des jours...

En fait à mon avis, il cherche encore à se définir le gars...

Pince-mi et Pince-moi sont dans un bateau...

Le vote utile n'est pas une fatalité, et n'a pas sa place au premier tour, voter selon ses convictions, ses affinités, c'est le vote du premier tour qui nous donnera une liberté de choix au second, faute de quoi nous nous verrons imposer l'obligation de choisir entre le pire et le moins pire, ce que je redoute par dessus tout.

Hamon, Mélenchon, Poutou sont les seules personnes pour lesquelles j'ai une certaine sympathie, qui me paraissent sincères et ne me donnent pas le sentiment d'être des escrocs. On ne peut évidemment savoir ce qu'ils accompliraient en tant que président, mais il en est de même pour tous et je suis certain de ne vouloir aucun des autres candidats à ce poste. Mélenchon a probablement mené la campagne la plus brillante, ses qualités d'orateur sont indéniables, il est parfois un peu trop cabotin à mon goût, souvent dans l'excès, le buzz, l'énervement. Hamon est plus posé, plus serein, une attitude honorable et une qualité que j'apprécie. Poutou est parti de loin et a réussi à attirer l'attention sur lui. Chacune de ces personnalités a son charisme, elles peuvent être complémentaires et je mettrais bien les trois candidats dans le même gouvernement. Ceux qui ne veulent pas croire en eux pour leur préférer un Macron se disent réalistes, parce qu'ils ne veulent pas croire en leurs programmes qu'ils disent irréalisables, moi je les dis défaitistes ; en renonçant à toute idéologie, ils se soumettent à des forces de caractères plus fortes que la leur. Un gâchis et une déception pour moi.

Un second tour Hamon - Mélenchon serait autant une grande victoire pour eux, qu'une grosse claque pour les autres, c'est le choix que j'aimerais avoir au second tour, ne serait-ce que pour être assuré que les candidats que je méprise ou qui ne m'inspirent pas confiance ont été éjectés du bateau. Mais ma crainte est que le second tour nous contraigne à faire un autre choix, dans le cas où aucun des deux ne soit présent. Réponse le 23 avril, donc.

Note

[1] Pour se documenter un peu, un petit comparatif sur les positions des cinq candidats de tête au sujet de l'ISF

Commentaires

1. Le mercredi 24 mai 2017, 06:06 par El Francko

Quand je disais dans ce billet que je n'avais pas pour Macron de mépris et de répulsion comme pour un Fillon, il va sans dire que depuis, aujourd’hui je hais cet homme. Les élections ont tout changé, et mes craintes se sont vues vérifiées. Mon compte Facebook a même été désactivé (voir cet autre billet), c'est le début de la dictature, la République Bananière de Macronie...

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