"Shining", roman VS film

Shining - roman VS film

Pour beaucoup, le film Shining de Stanley Kubrick, sorti en 1980, est un film culte, et si on prend le film uniquement pour ce qu'il est - un film d'épouvante - c'est effectivement le cas. Tant qu'on n'a pas lu le roman de Stephen King, dont le film est l'adaptation ; on se rend compte alors à quel point le réalisateur s'est écarté du livre, et c'est frustrant, parce que lui aussi est culte, et le film ne lui rend ni justice, ni hommage.

Je n'ai lu celui-ci pour la première fois que très récemment, alors que je n'avais pas revu le film depuis très longtemps. De fait, la lecture du roman a faussé le souvenir que j'avais du film, je les ai rapproché l'un de l'autre en m'auto persuadant que l'un était une fidèle retranscription de l'autre (à ceci près que j'ai lu le roman après être tombé sur des articles rapportant certaines critiques de Stephen King au sujet du film, voir les notes en bas). De fait, après avoir terminé le livre, j'ai revu le film, et ça a été la stupéfaction, et la déception, je ne m'attendais pas à tant d'écarts, tant d'impasses et de modifications des éléments du livre.

Note : je masque le paragraphe suivant pour ne pas spoiler

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Oubliés la psychologie des personnages, l'antagonisme des parents de Danny, les galères professionnelles et l'alcoolisme de Jack, oubliée l'intensité dramatique du scénario, l'histoire de l'Overlook, les cauchemars de Danny, les apparitions de Tony - ami imaginaire bienveillant de Danny incarné à l'écran par un doigt qui parle avec une voix ridicule - oubliés l'ascenseur qui monte et qui descend tout seul, la lance à incendie du couloir qui terrorise Danny, le maillet de roque qui frappe contre les murs, remplacé par une hache, oubliés les animaux de buis du jardin qui se meuvent quand on détourne le regard, remplacés par un labyrinthe statique, oubliée la chaudière qui pulvérise l'hôtel... Tant d'éléments oubliés qui faisaient la richesse de l'histoire du livre, pour une prétendue adaptation qui se paie même le luxe d'en modifier la fin.

On attend d'une adaptation qu'elle reproduise à l'écran ce que le lecteur s'est imaginé dans un livre, et il en attend beaucoup, et si le réalisateur peut y apporter sa vision - c'est inévitable, car une adaptation est forcément subjective - il ne peut pas se permettre en toute conscience de trahir l’œuvre qu'il est censé adapter, ou alors on n'appelle plus ça une adaptation, mais une production inspirée de, et on ne lui laisse pas le droit d'utiliser le même titre.

De telles libertés sont déjà difficiles à supporter quand on est fan, alors quand on est l'auteur de l’œuvre originale... On comprend dès lors la réaction de Stephen King, quand la sortie en 2013 de Docteur Sleep, l'excellente suite à son roman (à la fin duquel le romancier précise bien qu'il s'agit d'une suite au livre et non au film), lui donna l'occasion d'exprimer ce qu'il pensait du film de Kubrick[1][2]. Stephen King explique entre autres que le personnage de Jack n'est pas mauvais au départ, il le devient petit à petit en conséquence d'un sentiment de persécution qu'il ressent à travers les épreuves qu'il endure ; cette transformation est parfaitement compréhensible dans le roman - parce que fort bien narrée - mais dans le film, le perrsonnage joué à l'écran par Jack Nicholson paraît fou dès le début, selon l'écrivain. C'est dommage parce que j'adore cet acteur et sa prestation reste inoubliable, même si elle aurait gagné à être plus fidèle au roman.

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